« J'ai 12 ans et ce soir je serai morte. »
La Petite de Michèle Halberstadt
Albin Michel / aout 2011
148 pages / 12,90 euros
Amis lecteurs, si vous n'appréciez pas les romans qui donnent la parole aux enfants avec un vocabulaire d'adulte, tournez votre chemin ! Notre « Petite », narratrice de 12 ans, prononce des phrases telles que : « chez Émile, la carrure était inquiétante et la bonhomie une façade masquant sa roublardise » (page 43). Cependant, si vous pouvez faire abstraction de ce travers par ailleurs fréquent en littérature, plongez sans tarder dans cette petite histoire franchement émouvante.
Lorsqu'elle a 9 ans, le grand père de la « Petite » décède brutalement. Par chagrin, pour lui épargner les soucis des grandes personnes, la Petite n'est informée de cette triste nouvelle que plusieurs jours après : « Quatre-vingt-seize heures d'inconscience, durant lesquelles j'avais lu, mangé, dormi normalement, alors que le meilleur de ma vie s'était évanoui pour toujours. » (page 30). Pour elle, c'est une trahison. Elle décide alors de « s'enfermer dans sa tête », de s'écarter de sa famille qu'elle nomme « ceux d'en face » et qui visiblement préfèrent vivre leur deuil (leur vie ?) sans elle. Cette incompréhension (mutuelle) durera 3 ans, jusqu'à l'irréparable.
La souffrance de cette petite fille qui sombre dans la solitudeet qui n'arrive plus à communiquer est décrite très simplement et sans jugement de valeur par Michèle Halberstadt. Enfin, si le thème est pesant (le suicide des enfants), le traitement donné par l'auteur n'est ni morbide ni pessimiste.