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Chez Mrs FIGG : chats, scones et livres à volonté !
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22 novembre 2011

« Après des millénaires d'hégémonie sans partage, l'homme réapprenait la peur»

le dernier hiverLe Dernier hiver de Jean Luc Marcastel

Hachette (Black Moon) / octobre 2011

448 pages / 16,00 euros

L'année dernière nous frissonnions avec le Bal de Givre à New York de Fabrice Colin. Cette année, c'est un certain Jean Luc Marcastel qui nous plonge dans un univers de beauté minérale et de froid polaire. Une lecture enthousiasmante malgré quelques bémols.

 Voilà un certain temps que j'ai arrêté de lire des Black Moon parce que leur ligne éditoriale est décidément inexistante et la qualité des titres présentés, plus qu'inégale ! Cependant, comment résister à un roman fantastique écrit par un auteur français et dont l'action se déroule en France ? (à ma connaissance, en LJ c'est une 1ère …). Et puis il faut bien reconnaître aux éditions Hachette la faculté indéniable de produire de beaux objets : j'ai tout de suite adoré la couverture élégante et le titre argent / bleu-banquise du livre.

L'histoire :

2035. Les restes d'une planète pulvérisée, « un voile de poussière cosmique » (page 9), se sont interposés entre la Terre et le Soleil provoquant des dérèglements climatiques ( – 30° et de la neige a perte de vue !) ainsi qu'une obscurité continuelle. Dans ce monde dévasté, la Malesève prolifère. Il s'agit d'une forêt de « pins vampires » qui se nourrissent de sang humain. Les quelques communautés qui peuplent encore la Terre survivent comme elles peuvent, abandonnées par le Gouvernement et l'armée … A Aurillac, dans le Cantal, 4 amis d'enfance décident de braver les dangers pour rejoindre Bergerac et l'une des leurs. Ils entreprennent alors un long périple en motoneiges qui va les conduire au bout d'eux-mêmes.

Dès les 1ères pages, j'ai été sous le charme de ce monde post apocalyptique original, poétique et terrifiant (certains passages lus avant de m'endormir m'ont valu quelques cauchemars …). J'ai aimé la Malesève qui colonise impitoyablement la Terre et les monstres qu'elle engendre. Cette nature hostile à l'homme et omniprésente rappelle d'ailleurs La Forêt des damnés de Carrie Ryan.

A mon grand regret (1er petit bémol !), Jean Luc Marcastel met de côté cet univers de désolation naturelle dans la seconde partie de son roman. Au contraire, il y décrit comment certains hommes ont profité de la situation et pris le pouvoir sur les autres (par la force, la manipulation …). L'homme est un loup pour l'homme. « L'ennemi, ce n'était pas le Crépuscule, ni même la Malesève ou les créatures qui la hantaient, non le véritable ennemi, c'était celui qui se cachait sous le masque de l'humanité, celui pour lequel les lois, les règles, les sanctions étaient faites, pour contrôler ses désirs de violence et de puissance. » (page 412). Le Dernier hiver développe ainsi une intéressante réflexion sur l'Humanité : la survie passe par l'amour, l'amitié entre les hommes et les autres espèces (humaines, animales) et aborde des sujets sensibles : racisme et intégration, sexisme, embrigadement … mais perd du même coup son originalité. Dommage.

J'ai beaucoup apprécié les personnages : bien que stéréotypés (le marocain, l'asiatique ...), ils ne manquent pas de caractère et de singularité. J'ai aimé Johan, jeune homme énigmatique qui semble souffrir de schizophrénie et dont toutes les actions sont guidées par une même obsession intransigeante : retrouver la fille qu'il aime. J'ai adoré son ainé, Théo « le pur, le preux qui jamais ne reniait sa parole » (page 23), ex-militaire protecteur et ultra sensible. Avec Fanie, leur petite sœur de cœur, ils forment un triangle amoureux. Cependant (2ème bémol !), j'ai été agacée par la description de ces personnages, laborieuse : trop de répétitions, saturation d'adjectifs (on appelle cela des périphrases, je crois) pour les désigner. C'est d'autant plus dommage que ces descriptions sont belles, les images poétiques. J'en ai relevé quelques exemples : « Fanie, petite fée aux allures de princesse chinoise » (page 35), « petite Diane eurasienne » (page 92). Mais trop, c'est trop.

Point sympathique : la narration alterne 1ère personne (Johan) et récit à la 3ème personne (tous les personnages prennent tour à tour la parole, enrichissants le récit de leur point de vue perso). Pour finir, saluons le vocabulaire précieux (et ce n'est pas une critique) et extrêmement riche du roman ainsi que les nombreuses références littéraires : en pleine fin du monde, Théo lit Au cœur des Ténèbres de Joseph Conrad !

Extrait :

« Nourrissez un enfant de légendes arthuriennes, bercez-le de La Chanson de Roland, des exploits d'Ivanhoé et laissez-le se saouler jusqu'à l'ivresse des vers de Cyrano, inondez-le de livres, décorez sa chambre de châteaux peuplés de soldats et de paladins, agitez bien le tout et vous obtiendrez quelqu'un comme lui [Théo] » (page 410)

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Commentaires
M
Je comprends tes réticences (habituellement, j'ai les mêmes !) et "Le Dernier Hiver" n'échappe pas aux défauts qui nous agacent chez Blackmoon (immuables triangles amoureux !) ni à quelques maladresses de la part de l'auteur (dont je parle dans la note). Néanmoins, c'est un livre qui propose un univers plein de charme et d'originalité ... et de terreur ... je pense qu'il vaut la peine d'être lu ! Voilà, je ne sais que dire de plus pour te convaincre lol !
T
il me tente pas mal... le problème, c'est la collection...
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