" Mon corps était le théâtre d'expériences douloureuses et d'étranges métamorphoses que je ne contrôlais pas "

Les ailes de la sylphide de Pascale Maret

Éditions Thierry Magnier (romans adolescents)

août 2013 / 192 pages / 9,80 euros

Ce roman jeunesse est un véritable coup de cœur.

Lucie, ballerine de 17 ans, décroche le rôle principal dans le ballet de ses rêves, La Sylphide de Filipo Taglioni (1832). Elle vit en colocation à Lyon, avec sa cousine étudiante en médecine. Cette apparente normalité vole en éclat quand Lucie découvre qu'une paire d'ailes lui pousse dans le dos. Réfugiée chez ses parents, elle apprend la vérité sur ses origines : elle a été adoptée et sa mère biologique était une sylphide (une fée de la forêt) assassinée par un Salamandre (les ennemis naturels des sylphes). Malheureusement, ce Salamandre pervers commence à harceler Lucie qui repousse son petit ami humain, le pugnace Théo. Le drame est annoncé dès les premières lignes car Lucie se trouve à l'hôpital, interrogée par des policiers. *Mais bien malin celui qui lira derrière les apparences, trompeuses …*

On pense évidemment à Black Swan avec cette délicate ballerine peu à l'aise dans les rapports humains et qui s'évade dans le fantastique (ou la folie ?). On pense aussi à l'héroïne de Menteuse (de Justine Larbalestier) qui construisait un monde imaginaire pour dissimuler une réalité sordide et traumatisante. La réalité confessée n'est qu'un leurre, que le dernier chapitre dévoile de manière époustouflante tellement tout est cohérent *mais chut !!! je ne révèlerais rien* On comprend alors qu'il s'agit d'une métaphore (avec plusieurs niveaux de lecture) vraiment bluffante. 

Les ailes de la sylphide est un roman d'une grande richesse psychologique, très dense par les thèmes abordés (on est loin d'un énième avatar de créatures fantastiques). Pascale Maret évoque les transformations du corps à l'adolescence, l'univers de la danse, le suicide … avec beaucoup de grâce et de modernité (j'adore, par exemple, la petite phrase anodine qui révèle que le prof de danse est homosexuel. C'est sans importance, il n'en sera plus fait mention. Et pourtant, c'est dit).

En conclusion = Une pépite qui mêle l'univers aérien de la danse et des sylphides à des sujets très graves. Et Pascale Maret est une auteure dont je lirai les autres livres.

Comments

[Soie]

J'ai pensé à Black Swan aussi en lisant ton billet :-), et le titre de ton billet l'illustrerait bien également.