« Une jeune fille de bonne famille ne pouvait faire aucune avance et pouvait à peine répondre à celles qui lui étaient faites »
Le fantôme locataire précédé d'Histoire singulière de quelques vieux habits
Henry James
Traduit de l'américain
Gallimard (FOLIO 2 euros) / décembre 2014 / 116 pages
Il s'agit de deux nouvelles de jeunesse d'Henry James (écrites respectivement en 1868 et 1876). Comme le titre l'indique, ce sont des histoires de fantômes mais clairement pas dans la lignée des plus tardives nouvelles fantastiques ou gothiques d'Henry James lui-même (Le Tour d'écrou) ou d’Édith Wharton (Kerfol et autres histoires de fantômes).
L'Histoire singulière de quelques vieux habits n'est pas une nouvelle victorienne mais se déroule dans le contexte très puritain de la Nouvelle-Angleterre du XVIIIème siècle. C'est une histoire de jalousie entre 2 sœurs, Viola et Perdita, qui sont amoureuses du même prétendant. Une nouvelle classique mais intéressante.
Le Fantôme locataire est écrit à la première personne et se déroule dans la campagne de Cambridge. Le narrateur est un jeune étudiant en théologie qui découvre une maison hantée (« elle avait été spirituellement flétrie » p.58). Il n'aura de cesse de percer ses mystères. Henry James y joue avec les codes de la nouvelle fantastique classique pour livrer un texte au dénouement malicieux.
Ce qui frappe dans ces nouvelles d'Henry James, c'est le portrait cynique des femmes qu'il dresse. Sous leur vernis de bonnes manières et de candeur, elles apparaissent uniquement préoccupées de tissus et de bijoux, envieuses (Histoire singulière de quelques vieux habits) ou cruelles (Le Fantôme locataire). Les homme sont leurs victimes sinon innocentes du moins absoutes de leurs crimes à l'égard de ces femmes.
Pour conclure, voilà une heure de lecture délicieusement inquiétante et intéressante (malgré une couverture horrible).