Elle avait essayé de désirer un frigidaire neuf et de ne vivre que pour ses enfants hirsutes. En vain. Elle voulait cette toile.
La Galerie des maris disparus de Natasha Solomons
Traduit de l'anglais (The Gallery of Vanished husbands)
Calmann-Levy / avril 2014 / 347 p. / 19,90 euros
Pour découvrir Natasha Solomons j'avais prévu de lire Le Manoir de Tyneford. Mais comme il était indisponible à la bibliothèque, j'ai choisi le nouveau titre de l'auteur, La Galerie des maris disparus.
Années 50. Banlieue de Londres.
Juliet Montague est une jeune femme issue d'une communauté juive ashkenaze. Sa famille, qui prospère dans une entreprise d'optique, est conservatrice et sans histoire. Jusqu'au jour où George, l'époux de Juliet, disparaît volontairement, vraisemblablement à cause d'une sombre dette de jeu. Juliet devient une 'aguna' c'est-à-dire une épouse sans mari, ni divorcée (l'assentiment du mari est nécessaire) ni veuve, ostracisée de la communauté avec 2 enfants à charge. Or Juliet est une ambitieuse et une passionnée d'art qui va tout faire pour s'échapper de son existence étriquée. La rencontre avec des artistes qui périodiquement peigneront son portrait va permettre cette émancipation.
La Galerie des maris disparus est une reconstitution réussie du Londres de l'après guerre, dans le contexte original d'une communauté juive très traditionnelle, dont j'ai pris énormément de plaisir à découvrir certains rituels et pratiques. Les thèmes du travail des peintres, de la création artistique et de l'émotion face à l'art sont également omniprésents. Enfin, il y a une pointe de roman d’initiation dans La Galerie des maris disparus puisque Natasha Solomons y évoque le poids de l’éducation, la possibilité de s’affranchir de ses parents, d'une religion ou d'un milieu social pour être soi-même.
J'ai apprécié l'originalité du contexte historique. J'ai aimé le personnage de Juliet, toujours sur la réserve, mais têtue et pleine de contradictions. D'ailleurs, Natasha Solomons lui prête des pensées souvent impertinentes, assez amusantes : « Elle se demanda un instant si cela lui conférait un rôle de muse, puis conclut à regret qu'elle n'était qu'un objet familier comme le vase de fleurs ou le porte-parapluie que les trois garçons avaient peints eux aussi » (page 142). OU « Lors de sa dernière visite au musée, captivée par un tournesol, Juliet avait 'égaré' le reste de l'après-midi » (page 10).
Pour autant, il a manqué 'quelque chose' pour préserver mon attention intacte jusqu'aux dernières pages. J'attendais que l'histoire se focalise sur un arc narratif précis : soit la recherche du mari disparu ou le rejet de la communauté subie par Juliet ou sa relation avec les jeunes peintres de la galerie … Finalement je suis restée sur ma faim car ces sujets sont effleurés mais pas approfondis.
Pour résumer, j'ai aimé mais j'ai noté un problème de rythme dans ce roman. A croire que je me spécialise dans les commentaires en demi-teinte !
Et hop ! Une probable dernière lecture pour le MOIS ANGLAIS. Et peut-être aussi un livre à inclure au Challenge L'Art dans tous ses états car l'art y est omniprésent (tu me diras Shelbylee ?)