5 générations de femmes en 200 pages
Un été sans les hommes de Siri Hustvedt
Actes Sud / mai 2011 / 215 pages / 18 euros
Dans Tout ce que j'aimais (Actes Sud, 2005) Siri Hustvedt racontait une amitié masculine absolument bouleversante. Dans Un été sans les hommes, c'est une galerie de portraits féminins qu'elle cisèle avec brio.
MIA, poétesse new-yorkaise de 55 ans, est abandonnée par son époux infidèle. De cette infidélité nous ne connaitrons qu'un sobriquet ironique : La Pause … Le choc est trop rude pour MIA dont la raison « déraille » : un épisode de folie délirante l'envoie directement à l'HP.
« des tessons de cerveau »
Redevenue elle-même, MIA raconte : son délire, rétrospectivement effrayant, la culpabilité d'avoir ainsi perdu pied … Elle s'invente un correspondant anonyme, 'M. Personne', avec qui elle communique par email. MIA passe beaucoup de temps auprès de sa mère et des « Cygnes », octogénaires charmantes & féroces, pensionnaires de la même maison de retraite. Elle anime aussi un atelier d'écriture d'été pour adolescentes et redécouvre la cruauté dont sont capables les jeunes filles envers les plus fragiles d'entre elles …
Comme toujours dans les romans de Siri Hustvedt, les personnages sont sensibles mais un poil féministes et d'une précision de caractère & d'attitude qui les rendent quasi 'vivants' … Comme toujours aussi, son récit est ponctué d'inventions géniales (ici, les « Amusements secrets » d'Abigail : passionnants).
Et quel plaisir de lire un roman écrit par une lectrice si intelligente ! A ce titre, sa dénonciation des clichés actuels concernant la lecture fait mouche : « En outre, les hommes se vantent volontiers de négliger la fiction : ' - Je ne lis pas de romans, mais ma femme en lit'. De l'imagination littéraire contemporaine émane, semble-t-il, un parfum nettement féminin » (pages 175 - 176). A noter la proportion de femmes parmi les blogs de littérature !
Un été sans les hommes est donc un roman d'une rare intelligence auquel il manque juste un petit quelque chose pour être parfait … une impression de frustration, d'être moins émue que je devrais l'être (que j'aimerai l'être) clot ma lecture sur une note un peu mitigée. Dommage !