Entre émerveillement et sordide.
Le premier été de ANNE PERCIN
Édition Le Rouergue (la brune)
Aout 2011 / 163 pages / 16 euros
Le Premier été est l'histoire des premiers émois amoureux de 2 sœurs : Angélique, 17 ans, coquette et ingénue et Catherine, 16 ans, timide et gauche avec ses semblables (surtout les garçons). Elles sont devenues adultes mais Catherine ressent le besoin de revenir sur un certain été qui marqua une rupture dans sa vie …
(attention, je dévoile une partie de l'intrigue qu'il serait vraiment très dommage de connaître avant la lecture du roman)
J'achève cette lecture et je ne sais quoi en penser.
Il y a d'abord cette belle évocation des grandes vacances à la campagne chez les grands-parents. La narration d'ANNE PERCIN est lente mais ce n'est pas grave, ça colle au sujet. Je revis avec plaisir les après-midis suffocants de sieste paresseuse à bouquiner, les virées à la piscine Tournesol avec les autres gamins du village, le bal du 15 aout … Et d'ailleurs ce sont les années 80 (qu'on situe grâce à l'Affaire Grégory), je suis pleine de nostalgie, je reconnais tout : Ok ! et Podium, revues iconoclastes de mon adolescence, le Club Do, le Tang …
Et j'attends la révélation annoncée, j'extrapole. Page 100, elle arrive enfin ! Et là, mon plaisir de lecture se gâte. Je suis perplexe quant au choix de l'auteur : Catherine vient de perdre sa virginité avec « l'idiot du village ». C'est un acte volontaire certes, sauf qu'elle ignore naïvement l'identité de son amant. Lorsqu'elle l'apprendra, la romance se transformera en humiliation et colère.
J'avoue avoir été sacrement gênée : outre une évocation négative d'une première fois (sans capote ! on comprend pourquoi le texte n'est pas publié en littérature de jeunesse), j'ai éprouvé énormément de peine pour cet 'idiot du village'. En effet, si le choix du roman était osé (la sexualité et le handicap) ANNE PERCIN ne va pas jusqu'au bout : j'aurai aimé connaître ce garçon autrement que par des rumeurs calomnieuses et le champ lexical de l'animalité ...
Bref, l'écriture est belle et précise, le sujet intéressant mais l'ensemble me semble manquer un peu d'humanité. Dommage … Un avis plus positif que le mien est à découvrir chez Cunéipage.