« Je n'arrive pas à croire que c'est ma seule et véritable vie qui se déroule en ce moment, jour après jour »
Ultraviolet de Nancy Huston
Éditions Thierry Magnier (mars 2011)
78 pages / 8 euros
Ultraviolet est une nouvelle magnifique portée par la voix puissante et audacieuse d'une jeune fille assoiffée de connaissance et de liberté, en révolte contre son milieu.
Le cadre est celui Des Raisins de la colère de Steinbeck (au Canada et en moins pire) : « Ils appellent ça la Dépression, mot qui signifie aussi tristesse longue et maladie. Ils appellent notre région le Bol de poussière » (page 12). Donc, 1936. Récoltes anémiques, chaleur écrasante, ventre à moitié vide … Et la jeune Lucy qui consigne dans un carnet intime ses frustrations, ses rêves et ses réflexions … toutes ces choses (ces blasphèmes !) qui ne trouvent pas leur place autour de la table familiale tenue d'une main de fer par une mère rigide et un père pasteur. Arrive un vagabond, le docteur Beauchemin, un homme instruit mais précédé d'une rumeur sulfureuse, qui va changer la vie de Lucy : compréhension mutuelle, éveil du désir …
J'ai aimé cette belle écriture d'une adolescente révoltée, étouffée par le conformisme de sa famille et l'éducation stricte qu'elle reçoit. C'est un flot de paroles parfois tumultueux, on ressent le besoin impérieux de Lucy de se confier. Et la conviction finale : « Plus de compromis. Ceux qui m'aiment, m'aimeront, les autres tomberont en chemin. A moi la liberté ! » (page 79) …
Petit bémol : je suis troublée de cette histoire d'amour entre une enfant de 13 ans et un homme adulte. Je soupçonne un texte recyclé de manière opportuniste en littérature de jeunesse (rapport au jeune âge de l'héroïne) mais qui était à la base une nouvelle destinée à un public adulte …