« L'arrêt du cœur n'est plus le signe de la mort, c'est désormais l'abolition des fonctions cérébrales qui l'atteste »
Réparer les vivants de Maylis de Kerangal
GALLIMARD / FOLIO (2014) / 298 pages / 7,70 euros
Honnêtement, je ne m'attendais pas à aimer ce livre. (*Je suis snobe*) : ce que tout le monde aime ne m'attire pas. Ensuite, je suis fâchée avec la littérature française actuelle. Enfin, j'appréhendais un texte glauque. Or énorme surprise : j'ai immédiatement été happée par cette histoire autour du don d'organes.
C'est la faute à cette prose étrange, étonnante, entre poésie et réalisme, rythmée par des phrases d'une longueur proustienne. Il a fallu que je relise plusieurs fois le début : j'étais paumée, j'attendais des hôpitaux, des morts et je découvrais un surfeur plein de vie et d'allégresse. Pourtant, on comprend, le(s) compte-à-rebours est(sont) omniprésent(s). Résultat, j'ai été en apnée jusqu'à la fin.
J'ai aimé que Maylis de Kerangal ne recherche pas la facilité : la banlieue du Havre, le surf, le père maori … voilà qui donne du relief et du sel à son histoire. Maylis de Kerangal tord également le cou à certains clichés sur le monde hospitalier (véhiculés par les séries TV). J'ai apprécié la diversité des personnalités, des individualités qu'elle capte autour d'un événement qui les rassemble pour quelques heures : la mort de Simon Limbres. Cela permet à Maylis de Kerangal de traiter toutes les facettes du don d'organes : parents confrontés à la mort brutale d'un fils, médecins et infirmiers, receveurs …
Tout a déjà été écrit (et en mieux) sur Réparer les vivants mais malgré tout, j'ai ressenti le besoin de faire ce billet pour dire combien j'ai été émerveillée par l'écriture si particulière de Maylis de Kerangal. Évidemment, le sujet traité est infiniment triste et même dérangeant (la perte d'un enfant) mais c'est pourtant cet émerveillement qui me restera en mémoire …