« Nos ennuis commencèrent à l'été 1914, l'année de mes trente-cinq ans »
La Fille au revolver de Amy Stewart
Traduit de l'anglais (États-Unis) : Girl Waits with Gun
10/18 (Grands Détectives) / 478 pages / 8,80 euros
ô ! Le chouette 1er tome d'une nouvelle série qui raconte l'histoire (romancée) de la première femme shérif des États-Unis !
1914, dans un New Jersey encore très rural, où les premières automobiles cohabitent avec les carrioles à cheval. Le contexte social est mouvementé par des grèves d'ouvriers et une répression sévère. A la suite d'un accident de la route, les sœurs Kopp (Constance, Norma et Fleurette) se retrouvent au cœur d'une campagne d'intimidation orchestrée par Henry Kaufmann, parton influent d'une usine de teinture de soie. Les sœurs n'entendent pas se laisser faire … à leurs risques et périls. Heureusement, elles ont un allié de taille, le très progressiste shérif Heath qui n'hésitera pas à leur confier une arme.
J'ai beaucoup aimé découvrir ces trois sœurs, très différentes mais complémentaires, qui vivent seules dans une ferme isolée depuis le décès de leur mère, une autrichienne rigide et étrange. Il y a Fleurette, tendron de 16 ans, jolie comme un cœur, fantasque, (trop) gâtée et qui rêve de mode et de cinéma. Tout le contraire de Norma, 31 ans, farouche, raisonnable, passionnée par les pigeons et Constance (la narratrice), 35 ans, obstinée, curieuse, qui cherche un sens à sa vie …
« Je craignais d'être destinée à mourir dans le lit même où ma mère s'était éteinte, ne laissant derrière moi qu'une cave pleine de panais et quelques séries de points de couture inégaux le long de poignets et de cols dont nul ne saurait jamais que j'en avais été l'auteur » (p.43)
La Fille au revolver est à la croisée de la chronique de vie, du secret de famille et du roman policier traditionnel (cet aspect est d'ailleurs secondaire dans ce tome d'introduction).
On y découvre surtout des personnages attachants, dans le contexte historique original d'une petite ville américaine à l'aube de l'industrialisation où l'état de droit n'est pas encore bien établi. Malgré des thèmes sérieux, le ton est résolument drôle, parfois décalé à l'image des ces trois femmes qui souhaitent vivre leurs vies librement (avec ou sans hommes).
C'est donc avec un immense enthousiasme que j'ai achevé ma lecture et que j'attendrais la suite de cette histoire. En attendant (*et pour achever de vous tenter*), il y a le site d'Amy Stewart pour découvrir les photos et coupures de presse d'époque dont elle s'est servie pour écrire son roman.