« … les reinettes dorées au goût nuancé : d’abord noix et miel, puis ananas »
A l’orée du verger de Tracy Chevalier
Traduit de l’anglais : At the Edge of the Ochard
Editions La Table ronde (Quai Voltaire) / mai 2016
324 pages / 22,50 euros
Dans A l’orée du verger, Tracy Chevalier raconte l’histoire d’une famille de colons américains pauvres, les Goodenough. James, le père, Sadie, la mère et leurs enfants (sur)vivent dans le « Black Swamp », une région marécageuse de l’Ohio. James et Sadie, obsédés par leur verger, se livrent une guerre domestique féroce, exacerbée par les fièvres estivales, l’éloignement de toute civilisation et l’alcool. Leurs enfants, la douce Martha et Robert au regard pénétrant, seront marqués à vie par un drame survenu dans cette ferme, au point qu’ils traverseront les Etats-Unis pour l’oublier …
Comme dans La Dernière fugitive, Tracy Chevalier brode une jolie fictionautour d’éléments authentiques et documentés mais méconnus de l’Histoire américaine du XIXème. Dans A l’orée du verger, il s’agit de l’enjeu économique des pommiers dans l’est-américain. Pour entériner leur acte de propriété, les colons anglais devaient planter et faire vivre cinquante pommiers sur leur parcelle. Cela permettait à l’État américain de peupler durablement des zones hostiles, comme ce marécage d’Ohio.
A l’orée du verger est une histoire de transmission familiale et de racines, symbolisée par l’amour des pommiers transmis par James à son fils Robert qui sera à son tour fasciné par les redwoods et les séquoias géants de Californie. J’ai beaucoup aimé découvrir les prémices du tourisme californien à travers l’exploitation des arbres géants dans lesquels les promoteurs construisirent une piste de danse, un bowling … (le parc de Calaveras Grove se visite d’ailleurs toujours). Le travail de botaniste de Robert et de William Lobb (personnage authentique) qui envoyent des espèces du monde entier au Kew, à Londres, m’a d’ailleurs rappelé un autre excellent roman américain, L’Empreinte de toutes choses de Elizabeth Gilbert.
Certes, les personnages sont un peu faiblards. Certes, la dernière partie de l’histoire est poussive et n’éveille pas vraiment l’émotion des lecteurs. Malgré tout, ce roman possède un charme indéniable dans sa jolie évocation de la nature.
… Et j’ai aimé découvrir la différence entre les pommes à cidre et les pommes à couteau, ainsi que la recettedu beurre de pomme. RAV mais, en avez-vous déjà fait ? Ou même goûté ?