« La première chose que je vis d'elle fut sa cheville, délicate, nerveuse, qu'enserrait la bride d'une sandale bleue »
Le dernier des nôtres de Adélaïde de Clermont-Tonnerre
GRASSET / août 2016 / 488 pages / 22 euros
Werner Zilch, jeune entrepreneur et architecte américain est un coureur de jupons (voire misogyne et globalement antipathique). Enfant, il fut adopté par un couple de la classe moyenne. Son ambition dévorante et son amour fou pour la richissime Rebecca Lynch vont, de manière inattendue, faire ressurgir le récit de ses origines biologiques dont il ignore tout.
Cette histoire d'un self made man new-yorkais dans les années 60–70 se mélange avec le récit de ses origines familiales tragiques et sulfureuses, dans l'Allemagne pendant la guerre et l'immédiate après-guerre.
En effet (*spoiler*), les parents de Werner étaient des familiers du SS Werhner Von Braun, ingénieur et père des missiles V2. Adélaïde de Clermont-Tonnerre utilise une page méconnue (et contestable) de l'histoire américaine : l'opération « Paperclip » consistant à récupérer les savants et techniciens de l'industrie de guerre nazie pour les besoins des armées américaines (et pour éviter qu'ils ne tombent aux mains des soviétiques) en « supprimant » leur passé meurtrier. Ainsi le nazi Werhner Von Braum est apparemment devenu un savant américain reconnu et adulé pour ses travaux sur le voyage dans l'espace.
Si cet élément historique m'a indéniablement intéressé, dans l'ensemble, ce roman m'a agacé : narration pompeuse, name dropping (la Factory et Warhol, Donald Trump !! …), impression générale de superficialité … En outre, je n'aime pas l'idée qu'un enfant doive se justifier des actes commis par ses parents.
Pourtant j'ai achevé ma lecture car je tenais à savoir qui sont « les nôtres » du titre et pourquoi la romance entre Werner et Rebecca est « une histoire d'amour interdite au temps où tout était permis » (comme l'annonce le sous-titre). J'aurai pu m'abstenir : je n'ai pas cru à cette romance mièvre, le happy-end final est rocambolesque, les allers/retours entre le présent et le passé sont mal fichus et l'élément historique (l'opération Paperclip) est finalement peu développé … Bref, je n'ai pas aimé !