« Je n'ai personne d'autre où aller »
Zola Jackson de Gilles Leroy
Mercure de France (2009) / 140 pages / 15 euros
Aout 2005, Nouvelle-Orléans. Zola Jackson est une institutrice noire à la retraite. Lorsque l'ouragan Katrina s'abat sur la Louisiane et que les digues du lac Pontchartrain commencent à céder, elle refuse d'abandonner sa maison et de laisser sa chienne, Lady. D'ailleurs, la vieille dame n'a nulle part où aller … Recluse dans son grenier, Zola Jackson est l'observatrice impuissante et pleine d'humanité des horreurs provoqués par Katrina : elle voit ses voisins se noyer, des cadavres traversent sa chambre à coucher complètement inondée … Le balai incessant des hélicoptères des médias et des stars venus filmer les dégâts ajoutent à l'authenticité de la description de la Nouvelle-Orléans dévastée proposée par Gilles Leroy (* enfin, autant que je puisse en juger !*)
Pendant ces longues heures de solitude, Zola se remémore sa vie : l'enfant métis qu'elle met au monde mère-fille, l'inconnu qui tend la main alors qu'elle est en détresse et qui deviendra son époux, les succès d'un fils chéri et brillant … Zola Jackson c'est avant tout une belle voix de mère bourrée d'amour, de fierté et de regrets pour son fils. En effet, un drame est survenu (que le lecteur n'apprendra qu'à la fin du roman) et la souffrance de Zola est fort émouvante. Le petit grain de sel qui donne un peu d'originalité à un roman qui en manque par ailleurs, est la relation à couteaux tirés entre Zola et le petit-ami de son fils qu'elle trouve trop blanc, trop aisé, laid et maladroit. Zola Jackson est une vieille dame à la langue bien pendue et ils s'échangent quelques piques qui valent à elles seules la lecture du livre (* même si je doute que l'humour noir était le but premier de Gilles Leroy *)
Pour conclure, Zola Jackson est une histoire assez simple (avec une narration qui navigue entre plusieurs époques de la vie de Zola), pleine de bons sentiments mais qui n'a pas la force poétique d'Ourgan de Laurent Gaudé. J'ai certes été très sensible à la détresse, à l'amour et à l'abnégation de Zola mais pour le reste, je suis restée extérieure. C'est le premier roman de Gilles Leroy que je lis mais je sais qu'il a obtenu le Goncourt pour un autre titre et j'avoue que j'attendais probablement trop de Zola Jackson. Dommage …