« il considère l'art comme un ensemble harmonieux où les proportions d'une coupole se rapprocheraient de celles d'un crâne »
Pietra Viva de Léonor de Récondo
Sabine Wespieser éditeur (août 2013) / 228 pages / 20 euros
J'avais très envie de lire ce roman car j'avais la sensation que j'y retrouverais une poésie et un Michel-Ange aussi passionné que sous la plume formidable de Mathias Enard (Parle leur de batailles, de rois et d'éléphants). Finalement, j'ai moyennement apprécié Pietra Viva.
En 1505, Michel-Ange fuit la turbulente Rome après la mort brutale d'un jeune moine, nommé Andrea. Il se réfugie à Carrare pour y sélectionner les blocs de marbre destinés au tombeau du pape Jules II. Ces quelques mois d'isolement, dans un environnement proche de la Nature, permettront au sculpteur d'apaiser son chagrin et son obsession pour le bel Andrea, de renouer avec son enfance oubliée et retrouver sa joie de vivre.
Tout d'abord, j'ai aimé le contexte tumultueux d'une Italie où la vie côtoie la mort en permanence et où le memento mori est omniprésent : épidémies, fanatisme religieux de Savonarole, dangers des accouchements … J'ai apprécié l'anecdote de Botticelli jetant lui-même ses toiles de nus dans le Bûcher des Vanités de Savonarole, à Florence (que j'ignorais complètement). Bref ! C'est une période que je trouve passionnante mais Pietra Viva n'étant pas un roman historique, elle n'est qu'une toile de fond à peine effleurée.
Au contraire, il s'agit d'un roman contemplatif et introspectif qui raconte les états d'âme de Michel-Ange, génie crasseux et taciturne, amoureux de la beauté sous les traits d'un jeune moine inaccessible. Il y a quelques jolis passages sur le fécond processus de création du sculpteur et sur les techniques des tailleurs de pierre (très intéressants).
Pourtant, je suis restée extérieure à Pietra Viva (et j'ai même parfois senti l'ennui me gagner !). Je n'ai pas été sensible à la délicatesse et à la poésie de l'écriture de Léonor de Récondo louées par d'autres lecteurs. Je ne me suis pas non plus attachée aux fêlures de Michel-Ange (*moi qui adore habituellement les personnages brisés*) et je ne me suis pas sentie intéressée par ses souvenirs d'enfance retrouvés. Pour couronner le tout, j'ai été déçue que l'explication autour de la mort d'Andrea ne corresponde pas à celle (certes romanesque !) que je m'étais forgée pendant 200 pages.
Indéniablement un rendez-vous manqué entre Pietra Viva et moi. Pour lire des avis plus enthousiastes, rendrez-vous chez Malice ou encore In Cold Blog. Pour ma part, je rejoins Shelbylee (qui a eu la gentillesse de me prêter son exemplaire !).
Et hop ! Une participation de plus au Challenge « L'art dans tous ses états » organisé par Shelbylee.