« La fin de la guerre marquerait la naissance d'un monde nouveau, dont elle ferait partie »
Quand soufflera le vent de l'aube de Emma Fraser
Traduit de l'anglais (When the dawn breaks)
Éditions France Loisirs (décembre 2014) / 617 pages
Quand soufflera le vent de l'aube retrace l'histoire de trois jeunes écossais entre 1903 à 1919. Jessie et Archie MacCorquodale sont les enfants d'un métayer pauvre mais intègre de l'île de Skye. Un jour, ils rencontrent Isabel Mackenzie, la fille du docteur. Malgré la différence sociale, Archie et Isabel nouent une solide amitié tandis que Jessie et Isabel partagent le même rêve d'avenir : embrasser la carrière d'infirmière. Leur amitié et leur enfance prennent fin à la suite d'un drame qui culmine par la disparition inexpliquée du jeune lord local et le départ précipité d'Archie pour l'Amérique.
Chacun de leur côté, Jessie, Isabel et Archie suivent leur chemin (avec plus ou moins de bonheur) jusqu'à des retrouvailles fortuites, lors des prémices de la Guerre. Engagés sur le front, ils seront au cœur de la tourmente, notamment lors de la débâcle des troupes alliées, en Serbie, en 1915.
Souffle romanesque, énigme, hymne aux combats féministes du début du XXème siècle, reconstitution historique réussie … Quand soufflera le vent de l'aube remplit toutes ses promesses. Facile à lire et pas particulièrement original, ce roman n'en reste pas moins extrêmement prenant et rythmé. Pour ceux qui connaissent, j'ai souvent pensé à l'excellent Retour en Cornouailles de Rosamond Pilcher.
Emma Fraser y fait découvrir à ses lecteurs le SWH ou Scottish Women's Hospital ou Hôpital féminin écossais.
Il s'agit de médecins, infirmières, aides-soignantes, cuisinières et conductrices, fédérées par la suffragette Elsie Inglis. « Au moment où la Première Guerre mondiale a éclaté, le Dr Elsie Inglis s'est rendue dans les bureaux de l'armée britannique pour proposer ses services à l'étranger. [Éconduite,] elle a immédiatement entrepris des démarches auprès des gouvernements français et serbes, lesquels ont accepté son offre avec empressement » (p.611).
Ces unités, exclusivement féminines, se sont déployées en France (et installées à l'abbaye de Royaumont) puis dans les Balkans. Jessie et Isabel qui s'y engagent dès 1914, illustrent la force de résistance et le courage de ces femmes (qui souvent étaient des Lady). Sur le sujet, Emma Fraser indique un article intéressant (et condescendant) du FIGARO du 9 mai 1917 (à consulter en ligne, sur Gallica).
Pour conclure, Quand soufflera le vent de l'aube est un joli roman sur le rôle des femmes dans la Première Guerre mondiale. Facile à lire et néanmoins instructif, sans prétention.